
Après des études d’architecte, Brigitte van de Kerchove travaille quelques années dans ce domaine. Puis elle conçoit des décors de télévision pendant plus de 30 ans. Ses compétences d’architecte, de scénographe, de designer lui ont permis de créer des espaces et des ambiances où les personnes filmées se sont toujours senties bien. Le dessin, des croquis aux plans techniques, l’a accompagné tout au long de sa carrière. Sa vie professionnelle fut variée dans les défis à relever et empreinte d’une grande richesse dans les rencontres.
En parallèle, elle travaille la matière. La terre, sur base de modèles vivants à l’école « La ligne d’horizon » d’Annabelle Hyvrier, et ensuite le dessin à l’académie Constantin Meunier, sous la direction du professeur Thierry Goffart. Elle initie une réflexion sur le mouvement, qu’elle cherche à intégrer, même dans une représentation statique. Elle souhaite suggérer, alors même qu’il n’y a qu’esquisse. Elle aime écouter la vibration qu’elle ressent lorsqu’elle observe un corps, et laisser apparaître l’émotion sur le dessin ou dans la sculpture.
Brigitte se forme également au massage, qu’elle voit comme une autre manière de percevoir et de vivre le corps, la sexualité et les émotions. Après plusieurs formations, elle s’oriente vers un toucher lent et méditatif, presque une danse au rythme de la respiration de la personne qui reçoit le massage. Depuis peu, elle est également praticienne de Watsu (shiatsu dans l’eau), soin aquatique où l’eau chaude amène la détente et permet le lâcher prise du mental et l’émergence d’émotions.
La nature occupe une place importante dans sa vie (terre, eau, forêt). Elle aime observer la beauté de l’infiniment petit et tente de la saisir au travers de son travail photo. Le zoom permet de perdre toute notion d’échelle, l’infiniment petit et l’infiniment grand se confondent. La perte de ces repères fait place à l’imaginaire et incite à ouvrir les yeux comme si c’était la première fois. C’est une attitude méditative qu’elle développe où qu’elle soit, et beaucoup sous la lumière de Toscane. Elle ne se sent pas photographe mais cadreuse de beauté, révélatrice de matières. L’harmonie, les ondes et vibrations des formes naturelles la passionnent.
Nourrie de tous ses parcours, intérêts et ressentis, elle commence en 2019 un travail artistique sur le corps et les émotions. Il lui apparaît comme une évidence de travailler sur le clitoris, ce petit organe féminin intime, entièrement voué au plaisir et encore tellement méconnu, parfois tabou. Sa démarche est artistique d’abord, mais également féministe, politique et éducative. Elle arrive dans le monde de la céramique, technique qui lui semble idéale pour réaliser ce qu’elle veut faire et découvre un monde merveilleux et insoupçonné qui devient une passion. Elle interprète le clitoris comme un petit personnage, un organe qu’elle fait danser, voler, se balader, vivre et l’appelle Emoclit. Son travail amène le questionnement, suggère la joie, le plaisir, mais révèle aussi les blessures, les cicatrices et les éclats. Le choix de la porcelaine et de l’or, font sens pourmettre en évidence l’importance de cet organe. Son travail continue à se diversifier; A Bruxelles, clitos et céramiques et en Toscane, elle revient à sa passion pour le dessin et installe des créations dans la nature. Enrichi de partages et rencontres, le parcours artistique de Brigitte est un voyage où elle laisse librement sa sensibilité et sa curiosité la guider.